L’ancien détenu belgo-marocain A. A. était le responsable du soutien logistique et financier du « Mouvement des Moujahidines au Maroc », une organisation djihadiste créée au début des années 1980 pour laquelle il a bien livré des armes, a assuré l’un des fondateurs du groupe, Abderrezak Soumah.
« C’est une accusation qu’on ne peut pas inventer. A. A. était bel et bien membre du mouvement depuis 1981 et nouait des liens directs avec les dirigeants du groupe », a révélé M. Soumah lors d’une émission sur la chaine «Maghreb TV».
Dans son témoignage livré « pour la vérité et pour l’histoire », l’ancien « émir » du Mouvement des Moujahidines confie avoir fait connaissance de A. A. à Bruxelles où ce dernier gérait une librairie islamique.
« Notre émir à cette époque, Nouamani, lui a fourni de l’argent en 1983 pour ouvrir une librairie islamique à Bruxelles, dans l’objectif de fournir en retour un soutien financier au mouvement », a-t-il précisé, relevant que c’est A. A. lui-même qui a lancé l’idée de la « Librairie Annour » créée à Molenbeek, dans la capitale belge.
Il s’agit, a-t-il ajouté, d’assurer un soutien financier à l’organisation, mais aussi de mener une propagande djihadiste auprès des jeunes en particulier.
Soumah rappelle avoir rencontré A. A. en l’an 2000 à Tanger. « L’année suivante, il était venu chez moi à Berkane où il m’a fourni des armes : une kalachnikov et deux pistolets avec des munitions », a-t-il poursuivi.
Il raconte l’avoir à nouveau rencontré en 2004, mais qu’il a refusé cette fois-ci de « réceptionner une nouvelle livraison d’armes car notre mouvement était en déliquescence », dans le contexte marqué par la lutte contre la menace extrémiste. Néanmoins, il a reconnu avoir reçu une somme de 7.000 euros des mains de A.A, soulignant qu’il s’agissait d’une part des bénéfices tirés des activités de la librairie bruxelloise « Annour » que ce dernier gérait pour le compte de l’organisation.
Abderrezak Soumah affirme s’être engagé lui-même et nombre de ses proches dans un processus de révision de leur doctrine devant le constat d’échec des mouvements djihadistes, notamment en Afghanistan et en Tchétchénie. « Avec les armes qui nous ont été livrées, on aurait pu semer l’horreur au Maroc », a-t-il conclu.