« Nous avons tendu la main à la Turquie en octobre. Depuis, les choses n’ont pas été très positives. Nous avons vu qu’il y a eu des actes unilatéraux et une rhétorique hostile. Nous aurons un débat lors du sommet européen le 10 décembre et nous sommes prêts à utiliser les moyens dont nous disposons lorsque nous constatons qu’il n’y a pas d’évolution positive », a annoncé vendredi le président du Conseil européen Charles Michel.
« Je pense que le jeu du chat et de la souris doit cesser », a-t-il averti.
Mais Charles Michel n’a pas prononcé le mot de sanctions, car plusieurs Etats membres, dont l’Allemagne, y sont opposés, ont confié à l’AFP un ministre et plusieurs responsables européens.
« Le régime de sanctions, c’est une question qui relève des États membres. Voyons ce que nous pouvons faire lors du prochain Conseil de l’UE. Je ne peux pas avancer le résultat de la discussion, je ne fais que la préparer et proposer des alternatives », a pour sa part précisé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell à Rome où il participait à une réunion.
L’UE avait adressé en octobre une proposition d’ouverture à Ankara, assortie d’une menace de sanctions si la Turquie ne cessait pas ses actions déjà condamnées par l’UE. Décision avait été prise d’examiner la situation lors du sommet de décembre.
« Si Ankara poursuit ses actions illégales, nous utiliserons tous les instruments à notre disposition », avait averti Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, lors du sommet en octobre.
L’exécutif européen a été chargé d’élaborer des sanctions économiques et elles sont prêtes à être « utilisées immédiatement », avait-elle précisé.
« Nous avons tendu la main, nous avons vu les réponses d’Ankara », a déploré Charles Michel.
« Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas eu beaucoup de signaux positifs de la part de la Turquie au cours de ces mois », a confirmé Josep Borrell. « C’est l’une des situations les plus difficiles que nous ayons à gérer », a-t-il confié.
Le comportement agressif d’Ankara et sa politique du fait accompli dans plusieurs crises régionales, notamment en Libye et au Nagorny Karabakh, ont été condamnés mardi par le secrétaire d’Etat américain sortant Mike Pompeo lors de sa dernière réunion avec ses homologues de l’Otan. La Turquie, membre de l’Alliance, a été invitée par les Etats-Unis à « revenir à un comportement d’allié ».
L’unanimité est requise au sein de l’UE pour le recours aux sanctions. Or l’Allemagne a jusqu’à présent bloqué leur adoption dans l’espoir de trouver un accord pour « développer une relation réellement constructive avec la Turquie ».
Le Parlement européen a déploré le chantage aux réfugiés et aux migrants exercé par la Turquie sur les Etats membres.
La Turquie a accueilli sur son territoire près de 4 millions de Syriens déplacés par le conflit dans leur pays et a menacé à plusieurs reprises de « ne pas retenir ceux qui veulent partir » pour gagner l’Union européenne.
« Il y aura des décisions lors du sommet européen (le 10 décembre), mais leur ampleur n’a pas encore été décidée », ont assuré à l’AFP plusieurs responsables européens. « Il faudra voir quelles positions vont adopter l’Allemagne et la Pologne », a expliqué un ministre.