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Entrepreneuriat féminin: La route est encore longue !

Prouver que le monde des affaires n’est pas l’apanage des hommes est le défi relevé par succès par des femmes qui ont réussi à franchir le pas et créer leurs propres entreprises.

Toutefois, le taux de l’entrepreneuriat féminin au Maroc demeure encore faible, s’inscrivant même en baisse pour passer de 12% en 2015 à 10% en 2018, malgré la mise en place de plusieurs mesures et programmes ciblés pour encourager les femmes entrepreneures.

Pourtant, le potentiel est énorme. A en croire les chiffres de Deloitte, l’appétence de la femme marocaine à créer sa propre entreprise est d’environ 34%, contre 17% en France par exemple. De plus, la dernière étude mondiale du Global Entrepreneurship Monitor (GEM – 2020) fait état d’une amélioration de l’écosystème entrepreneurial global au Maroc avec l’ensemble des indicateurs en progression.

Contactée par la MAP, la présidente de l’Association des femmes cheffes d’entreprises au Maroc (AFEM), Leila Doukali, a indiqué que cette situation de l’entrepreneuriat féminin interpelle à se demander qu’il y a une véritable inadéquation entre le besoin réel de la femme entrepreneure et les mesures mises en place.

Selon elle, les freins sont généralement relatifs à l’accès au financement, au poids des responsabilités familiales et de la possibilité de concilier vie privée et professionnelle, outre le manque de formation aux techniques managériales, affirmant que la femme marocaine dispose d’un énorme potentiel et un avenir meilleur.

L’accompagnement et le mentorat, pilier de l’entrepreneuriat féminin

Pour contribuer à propulser les femmes entrepreneures marocaines au niveau escompté, une bonne connaissance de son environnement s’avère inéluctable, affirme, pour sa part, Hind Bouzekraoui, professeure universitaire à l’Ecole nationale de commerce et de gestion (ENCG) de Tanger, estimant que la réussite des entreprises dirigées par les femmes est tributaire de plusieurs facteurs qui se réunissent dans leur combinaison la plus optimale.

D’après l’universitaire, parmi ces facteurs clés de succès, la participation de la femme entrepreneure à des réseaux et organismes d’accompagnement et de soutien.

La valeur ajoutée du réseautage se distingue par sa capacité à accélérer le lancement et la croissance de l’entreprise en lui permettant de nouer des liens avec des pairs, de développer des opportunités d’affaires, de diligenter l’accès au financement et surtout de tisser des liens aiguillonnant le sens de solidarité et d’appartenance à une communauté et brisant la solitude de la dirigeante.

« Certes les instances marocaines ont mis en place plusieurs programmes pour une meilleure valorisation de la femme entrepreneure, mais l’intérêt manifesté à leur égard demeure très faible », a fait remarqué Mme Bouzekraoui.

En effet, selon une étude, réalisée par la professeure, seulement 21% des femmes déclarent avoir fait appel aux services de ces organismes, ce qui est très faible vu l’importance que jouent ces institutions dans la création et la pérennité des entreprises féminines au Maroc. « Un grand effort de communication et d’information s’impose pour toucher directement les femmes concernées et favoriser l’adhésion aux réseaux », a fait valoir Mme Bouzekraoui.

Elle a, à cet égard, préconisé de songer aussi à généraliser les actions menées dans toutes les villes à travers la mise en place d’incubateurs et d’organiser des actions de lobbying auprès des pouvoirs publics. Et de noter qu’il serait intéressant de multiplier les partenariats avec des entités internationales pour favoriser l’échange de « Best Practices » et enfin penser à un « accompagnement personnalisé et adapté à chaque type d’entreprise plutôt qu’un accompagnement standard ».

Par ailleurs, et sur le plan « mentalité », un travail colossal sur l’amélioration de l’opinion sociale et l’ouverture des mentalités marocaines s’impose.

« Il faut intensifier la banalisation du concept de l’entrepreneuriat féminin tout en valorisant sa contribution au développement économique en mettant plus de projecteurs sur les réussites féminines marocaines. Il faut encourager toute action pouvant faire allusion aux égalités entre genres tout en mettant à contribution les autorités médiatiques à fort potentiel d’influence », souligne l’universitaire.

« Gender bonds » : la BCP ouvre le bal

Bien que les offres de financement et programmes d’aide à la création d’entreprise sont nombreuses, leur utilisation par la gent féminine reste faible.

Ainsi, et dans l’objectif de soutenir l’autonomisation des femmes et l’égalité homme-femme en finançant des activités qui contribuent à ces objectifs, l’Autorité marocaine du Marché des capitaux (AMMC) a introduit les « Gender Bonds ».

« Cette initiative contribuera sans doute à diligenter l’accès des femmes entrepreneures marocaines au financement à travers l’élargissement et la diversification de l’offre financière », a estimé Mme. Bouzekraoui.

Le Gender Bond peut avoir n’importe quel type de structuration financière, tel que des obligations ordinaires, obligation de projet ou titrisation.

A peine introduit, les acteurs financiers marocains ont montré leur intérêt pour ce nouveau dispositif. Ainsi, le groupe BCP a procédé à une émission obligataire subordonnée, labellisée « Gender Bond », dont les fonds levés seront mis à la disposition de sa filiale Attawfiq Micro-Finance et seront exclusivement destinés au financement des femmes entrepreneures et auto-entrepreneures.

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