Sortis au milieu de la nuit d’une réunion de 12 heures avec Emmanuel Macron, les numéros un des partis d’opposition, de gauche comme de droite, ont réclamé jeudi matin « des annonces » rapides du chef de l’Etat pour « traduire concrètement » cette initiative.
Les échanges à huis clos se sont achevés à trois heures du matin, après un tour de cadran consacré à la situation internationale, aux institutions et à la « cohésion de la Nation ».
Si personne n’a claqué la porte, les invités restent sur leur faim, à l’instar d’Eric Ciotti affirmant sur France 2 que « tout cela doit se traduire maintenant concrètement » et continuant de plaider pour un référendum sur l’immigration.
« Je ne sais pas sur quoi tout ça va déboucher », a ajouté le président des Républicains, « pour l’heure pas convaincu » par la démarche, même s’il a jugé l’exercice « opportun ».
Au contraire, Manuel Bompard a trouvé « assez grotesque » de « passer 12 heures pour n’avoir aucune réponse sérieuse, aucune mesure, aucune annonce concrète ».
« C’était franc, mais ça n’aboutit à ce stade sur rien », a regretté sur France Info le coordinateur de la France Insoumise, déplorant que M. Macron ait « balayé d’un revers de la main » les propositions communes de la gauche pour un blocage des prix, un référendum sur les retraites ou une hausse des salaires.
« Un échange direct mais sans conclusion. La communication en lieu et place de la décision », a déploré sur le réseau social X le patron du PS Olivier Faure.
L’entourage du président a cependant indiqué que le principe d’une conférence sociale « sur les carrières et les branches situées sous le salaire minimum » avait été « validé » dans la soirée.
« La porte n’a pas été fermée sur la question des bas salaires en-dessous du Smic ou des conditions de travail », a confirmé sur Franceinfo le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, en évoquant cette conférence sociale.
« S’il y en a une, tant mieux, je prends », a réagi sur RTL communiste Fabien Roussel, qui n’a « pas entendu » le terme de « conférence » durant cette réunion, mais considère que « s’il y a une porte qui s’ouvre, on met son pied dedans, on pousse et puis on discute ».
Avant lui, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, avait évoqué des débats « francs » mais était « dans l’incapacité » de préciser sur quoi ils déboucheraient.
Quant à l’idée d’un « préférendum », sorte de référendum à questions multiples, évoquée lundi par Olivier Véran, elle semble avoir été battue en brèche par le président.
M. Macron « nous a indiqué qu’il ne savait pas ce que c’était, que ça n’existait pas, que c’était l’idée d’Olivier Véran mais pas la sienne », a assuré Eric Ciotti.
Le camp présidentiel préférait voir le verre à moitié plein. M. Véran s’est ainsi félicité d’un « processus inédit » qui « pourrait bien marquer l’histoire ».
Le patron de Renaissance Stéphane Séjourné, qui ne « retrouve pas forcément dans les réactions des uns et des autres », y voit « une nouvelle étape d’apaisement dans le dialogue politique », a-t-il expliqué à l’AFP.
Le président du Modem François Bayrou a lui salué sur LCI un événement « très intéressant, très original » et expliqué que le chef de l’Etat avait « accepté une grande conférence sur nos institutions », englobant notamment les sujets du référendum et de la proportionnelle.
« Tout le monde a d’ores et déjà accepté de se revoir sur le même format, dans les mêmes conditions, pour une prochaine session de travail », a assuré l’Elysée, sans avancer de date. « Il faut battre le fer pendant qu’il est chaud », a simplement indiqué M. Véran. Un séminaire gouvernemental de suivi mercredi prochain est d’ores et déjà programmé.
Moins enthousiaste, M. Bompard a mis une condition: que le chef de l’Etat « fasse des annonces dans les prochaines heures », pour montrer qu’il a tenu compte des propositions » formulées.
Mais « si c’est pour faire à nouveau une longue discussion qui ne se traduit par rien, je ne vois pas l’intérêt (d’y) passer encore du temps », a-t-il prévenu.
Marine Tondelier a dit elle sur BFMTV qu’elle aurait « du mal » à aller à une nouvelle réunion « où l’écologie n’est pas à l’ordre du jour.
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