La pédagogie de répression adoptée par le Président français, Emmanuel Macron, et son gouvernement risque de conduire le pays à la catastrophe, a affirmé l’écrivain et anthropologue français Alain Bertho, pointant l’aggravation des violences policières qui « sèment la colère et enfoncent la douleur ».
Dans un entretien au journal italien « Il Manifesto », le professeur émérite d’anthropologie à l’Université Paris 8-Saint-Denis a déploré l’aggravation des violences et de la brutalité policières non seulement contre les habitants des banlieues, mais aussi contre les mouvements sociaux, notant que la « répression s’étend désormais à l’ensemble de la société française ».
« La violence est promise à quiconque qui s’oppose », a-t-il estimé, rejetant, par ailleurs, la législation macronienne, “qui rappelle un État d’exception, rendant tous ces dépassements autoritaires possibles”.
“Face à une telle situation, comment convaincre les Français de garder leur calme, de répondre par des pétitions et des appels, ou se tourner vers les forces parlementaires pour faire entendre leur voix ?” s’interroge l’auteur du “Temps des émeutes”, exprimant ses vives inquiétudes face à ce contexte tragique de “colère et de douleur” qui pourrait susciter de nouveaux drames.
Selon l’expert, Macron “mise explicitement sur la construction de l’ennemi et la destruction de l’armature politique du pays, donnant vie à une politique néolibérale qui a fait des droits, notamment sociaux, son principal adversaire”.
Des « marches citoyennes » contre les violences policières ont eu lieu, samedi dans plusieurs villes de France, quelques jours après la mort du jeune Nahel, tué par un policier, qui a provoqué une vague d’émeutes dans tout le pays.
Plusieurs centaines de personnes ont battu le pavé, notamment à Marseille, Nantes, Strasbourg, Bordeaux, Dijon, mais aussi à Paris en dépit de son interdiction. La préfecture de la capitale avait interdit un rassemblement organisé en hommage à Adama Traoré, décédé lors de son interpellation en 2016, car « présentant des risques de troubles à l’ordre public », surtout dans le « contexte tendu » et les nuits consécutives de violences urbaines qui ont suivi le décès de Nahel.
Près d’une centaine d’organisations (syndicats, associations, collectifs et partis politiques) ont appelé à ces « marches citoyennes » pour exprimer « deuil et colère » et dénoncer des politiques jugées « discriminatoires » contre les quartiers populaires.
ALdar : LA MAP