Le chef du parti islamiste tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi, été placé sous mandat de dépôt, après ses récentes déclarations controversées sur le paysage politique local, a annoncé jeudi sa formation.
Dans un communiqué, le mouvement dénonce une « décision injuste », estimant que « le contenu de la déclaration de Rached Ghannouchi, objet de la poursuite judiciaire, ne comporte aucun appel ou incitation ».
Outre le Chef d’Ennahda, le juge d’instruction près le tribunal de première instance de Tunis a émis un mandat de dépôt à l’encontre de deux autres dirigeants du mouvement, Youssef Nouri et Ahmed Mechrgui, a fait savoir l’avocat Samir Dilou, cité par l’agence de presse tunisienne « TAP ».
Le nombre de suspects dans cette affaire s’élève à 12, dont 5 comparaissent en liberté et 4 sont toujours en cavale, fait-il remarquer.
Agé de 81 ans, Ghannouchi a été interpellé, lundi soir, sur la base de déclarations dans lesquelles il avait affirmé que la Tunisie risquerait une « guerre civile », en cas d’élimination des partis de gauche ou ceux d’inspiration islamiste comme « Ennahdha ».
Cette arrestation a suscité un tollé au niveau international, plusieurs capitales étrangères dénonçant « une escalade inquiétante », après l’emprisonnement d’une vingtaine d’opposants politiques.
Mercredi, le département d’Etat américain a affirmé que ces « arrestations d’opposants et de critiques sont fondamentalement contraires aux principes que les Tunisiens ont adoptés dans une Constitution qui garantit la liberté d’opinion, de pensée et d’expression ».
L’Union européenne avait exprimé, également, son « inquiétude » après le placement en garde à vue de M. Ghannouchi, rappelant l’importance du « principe fondamental du pluralisme politique ».
Les démêlés de Rached Ghannouchi, aussi bien avec le pouvoir que la justice, se sont multipliés, depuis le 25 juillet 2021. Il avait comparu, sans être incarcéré, en février 2022 devant le pôle judiciaire antiterroriste à la suite d’une plainte l’accusant d’avoir traité les policiers de « tyrans ».
En juillet 2022, il avait aussi été interrogé pour des soupçons de corruption et de blanchiment d’argent liés à des transferts de fonds depuis l’étranger vers une organisation caritative affiliée à Ennahda.
ALdar : LA MAP