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À la suite de déclarations hostiles d’Abdelilah Benkirane et du Parti de la justice et du développement (PJD) à l’encontre du peuple kabyle et du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), portant sur la déclaration d’indépendance de la Kabylie proclamée le 14 décembre à Paris, une réponse politique argumentée, signée par Aksel Bellabbaci, conseiller du président Ferhat Mehenni, dénonce un alignement jugé préoccupant sur la rhétorique du régime algérien et établit un parallèle entre les faits historiques, humains et politiques liés à la répression subie par le peuple kabyle et le Maroc, qui figure parmi les pays ayant le plus souffert des politiques hostiles et des agissements de ce même régime :
[Version française] Réponse aux déclarations de M. Abdelilah Benkirane et du Parti de la justice et du développement concernant le peuple kabyle et le mouvement MAK
Il est pour le moins surprenant, et profondément regrettable, de constater qu’un parti politique marocain, dont la vocation première devrait être la défense des intérêts stratégiques et historiques du Royaume, adopte une posture qui l’aligne objectivement sur le régime militaire algérien. Un régime dont l’hostilité persistante à l’égard du Maroc est amplement documentée, et qui se manifeste aujourd’hui encore par des positions ouvertement agressives envers le peuple kabyle et son mouvement politique, le MAK.
À la suite de la proclamation de l’indépendance de la Kabylie le 14 décembre 2025, une campagne virulente a été lancée par les autorités algériennes et leurs relais contre le peuple kabyle et son mouvement pacifique le MAK. Cette réaction, bien que regrettable, n’est guère surprenante. Ce qui l’est davantage, en revanche, c’est d’y voir associé un parti marocain, alors même que le Maroc figure parmi les pays ayant le plus souffert des politiques hostiles et des agissements de ce régime.
Il convient de rappeler, à titre de simple mémoire historique :
* les milliers de soldats marocains tombés au champ d’honneur en défense du Sahara marocain.
* l’expulsion de plus de 300 000 citoyens marocains d’Algérie en 1975, accompagnée de la confiscation arbitraire de leurs biens.
* la mort de civils marocains sous les tirs de l’armée algérienne lors des événements de Saïdia.
* ainsi qu’une longue série d’actes hostiles qui témoignent d’une animosité constante.
Malgré ces faits, ce parti choisit aujourd’hui une posture qui le place, de facto, aux côtés de ceux qui ont porté atteinte aux intérêts et aux vies de citoyens marocains, avant de se poser en donneur de leçons de patriotisme.
Un parti qui n’a jamais dissimulé ses affinités idéologiques avec des organisations transnationales, notamment les Frères musulmans, dont l’action a contribué à l’instabilité, à la destruction d’États et à l’exil de populations entières, ne saurait prétendre à une quelconque autorité morale pour dicter au peuple kabyle les formes de son combat ou les choix de son avenir.
L’histoire récente garde également la trace des attaques répétées de ce parti contre les institutions de l’État marocain et ses représentants, souvent au nom de causes ou de figures qui n’ont jamais servi les intérêts du Royaume.
Celui qui peine à défendre les intérêts de sa propre nation ne saurait prétendre parler au nom d’autres peuples ni leur donner des leçons.
Nous sommes par ailleurs accusés, en tant que Kabyles, de « division », alors même que le courant idéologique auquel appartient ce parti s’est illustré, durant des décennies, par son opposition à l’amazighité et par ses tentatives de fragilisation du tissu national marocain. Il est d’ailleurs difficile d’ignorer les propos pour le moins offensants tenus par l’actuel dirigeant du parti, qualifiant l’amazighité de « chnouiya », une expression qui porte atteinte à une identité millénaire, profondément enracinée dans l’histoire du Maroc.
Ce parti revendique volontiers la défense des peuples opprimés. Pourtant, lorsque la question concerne le peuple kabyle, les principes semblent s’effacer et les slogans perdre toute consistance.
Or, la réalité du peuple kabyle aujourd’hui est la suivante :
* des centaines de prisonniers politiques incarcérés.
* parmi eux, quarante-cinq personnes condamnées à mort.
* des centaines de milliers d’exilés, privés du droit fondamental de circuler librement vers ou depuis leur terre natale.
* sans oublier les tragiques événements de 2021, au cours desquels une large partie du territoire kabyle a été ravagée par les flammes, causant la mort de centaines de civils innocents.
Ces événements se sont déroulés dans un contexte marqué par des accusations officielles visant le Maroc, tenu à tort pour responsable de ces incendies.
Dès lors, une question s’impose:
quelle est la position réelle du Parti de la justice et du développement face à ces violations manifestes des droits humains ?
et où sont passés ses discours de solidarité lorsque le peuple kabyle s’est retrouvé confronté à la répression ?
Car l’histoire retient les faits, les positions laissent des traces, et les peuples savent distinguer, avec lucidité, ceux qui défendent sincèrement la liberté de ceux qui cherchent à justifier l’oppression.
Quelles que soient les démarches engagées par le régime colonial algérien, les partenariats qu’il cherche à mobiliser ou les discours qu’il diffuse afin de contester la légitimité de la cause kabyle et de ses expressions politiques, ces initiatives ne sauraient entamer la détermination du peuple kabyle. Elles contribuent au contraire à renforcer la cohésion de ses institutions et la clarté de son projet politique. Les responsables Kabyles exercent leurs prérogatives en toute souveraineté et assument pleinement leurs responsabilités dans l’organisation de l’effort collectif, la mobilisation des contributions nécessaires et la conduite d’actions exclusivement orientées vers l’intérêt supérieur de la Kabylie et de son peuple.
Aksel Bellabbaci
Conseiller du président Ferhat Mehenni




