
Par Al ALDAR / Imane Alaoui
L’admission de l’Algérie au sein du Conseil de sécurité de l’ONU n’est pas passée inaperçue, mais elle n’a pas non plus laissé l’empreinte décisive que promettait sa diplomatie au début de son mandat. Deux années d’initiatives, de prises de position et d’attitudes fluctuantes ont finalement abouti à un bilan qualifié par plusieurs experts de « pâle » au regard du discours politique ambitieux affiché avant l’entrée au sein de l’instance.
Le dossier le plus controversé demeure le récent vote lié à la résolution américaine sur Gaza, proposant de placer l’enclave palestinienne sous tutelle internationale. Malgré les appels directs des différentes factions palestiniennes demandant à Alger de s’abstenir ou de voter contre, l’Algérie a choisi d’approuver la résolution. Une décision qui a provoqué une vague de réactions indignées dans les milieux arabes et internationaux, tant l’État algérien se présentait depuis des décennies comme la « voix de la Palestine ». Pour de nombreux observateurs, ce vote a marqué un tournant inattendu, voire contradictoire, avec son discours officiel.
Plus surprenant encore : ce ne sont pas les puissances occidentales qui ont opté pour l’abstention, mais la Chine et la Russie – deux alliés diplomatiques traditionnels de l’Algérie. Cette configuration a renforcé les interrogations quant aux motivations réelles ayant guidé le choix algérien au sein du Conseil.
Tout au long de cette mandature, Alger n’a réussi ni à initier une proposition majeure ni à influer sur les dossiers qu’elle défendait pourtant avec force dans les médias et les forums internationaux. Même les thématiques qu’elle tentait de remettre régulièrement au cœur du débat international sont restées marginales et peu audibles, à l’exception d’un seul dossier devenu l’axe central de sa diplomatie : la question du Sahara marocain.
Selon plusieurs analystes, cette obsession diplomatique a affaibli la posture algérienne au sein du Conseil, l’empêchant d’incarner un rôle d’équilibrage ou de médiation, et réduisant sa présence à une stratégie perçue par beaucoup comme hostile envers ses voisins et plusieurs pays arabes et musulmans. Cette approche a donné l’image d’une diplomatie enfermée dans un conflit régional isolé, sans portée collective ni appui international solide, au détriment de dossiers humanitaires urgents ou de crises nécessitant des positions fermes et cohérentes.
À l’approche de la fin de ce mandat, une question s’impose : l’Algérie a-t-elle su transformer son siège au Conseil de sécurité en levier d’influence et de leadership diplomatique ? Ou bien cette expérience a-t-elle révélé les limites d’une stratégie fragmentée, dépourvue de vision claire dans l’une des sphères décisionnelles les plus importantes au monde ?
Aujourd’hui, la réponse semble s’orienter vers la seconde option : une présence fade, des positions controversées voire incohérentes, et un unique dossier ayant capté toute l’énergie diplomatique algérienne, au point d’éclipser même la cause palestinienne.




