
Par Ahmed El Bouhssani
Lors d’une conférence de presse tenue mardi soir au siège de l’Ambassade de la République populaire de Chine à Rabat, l’ambassadrice Yu Jinsheng a présenté un exposé complet sur les conclusions de la quatrième session plénière du 20ᵉ Comité central du Parti communiste chinois, clôturée le 23 octobre dernier. Elle y a mis en lumière les grandes lignes de la nouvelle vision chinoise du développement et de la coopération internationale, ainsi que la place qu’y occupe le Maroc.

Une étape charnière dans le parcours de la Chine
Cette quatrième session s’inscrit dans un contexte mondial en mutation et, selon l’ambassadrice, réaffirme trois piliers essentiels qui dessinent l’avenir de la Chine : continuité, consolidation et convergence — trois mots commençant par la lettre C, qui résument la philosophie de Pékin dans la préparation de son quinzième plan quinquennal.
Depuis le lancement de son premier plan quinquennal en 1953, la Chine s’appuie sur une planification scientifique afin d’assurer stabilité et progrès. Le président Xi Jinping a souligné que ces plans constituent un atout politique majeur du socialisme à caractéristiques chinoises, car ils définissent clairement les objectifs et les priorités dans les domaines économique, social, environnemental et scientifique.
Les chiffres témoignent de la vigueur de l’économie chinoise : le PIB est passé de 110 à 130 mille milliards de yuans, et devrait atteindre 140 mille milliards cette année, contribuant à hauteur d’environ 30 % à la croissance mondiale. Ces indicateurs, selon l’ambassadrice, traduisent la résilience de l’économie chinoise et sa capacité à relever les défis globaux.
Vers la réalisation du deuxième objectif du centenaire
La Chine aspire à atteindre son deuxième objectif du centenaire : bâtir d’ici 2050 un État socialiste moderne et puissant, à travers deux grandes étapes.
- La première, d’ici 2035, vise la modernisation complète du pays.
- La seconde, jusqu’à 2050, achèvera la construction d’un État pleinement développé et avancé.
Le nouveau plan quinquennal a été élaboré selon une approche participative élargie, comprenant des consultations de terrain, des sessions de concertation et la collecte de plus de trois millions de commentaires populaires — une démarche que Pékin qualifie de « démocratie populaire à processus intégral ».
Le Maroc au cœur de la coopération sino-marocaine
Au cours de la conférence, Yu Jinsheng a insisté sur « la profondeur et la solidité des relations sino-marocaines », rappelant que le Maroc fut l’un des premiers pays à établir des relations diplomatiques avec la Chine, il y a plus de soixante ans, et à soutenir fermement le retour de la Chine à son siège légitime aux Nations Unies.
Elle a souligné que le respect mutuel, la confiance réciproque et le soutien constant constituent désormais une tradition bien ancrée entre les deux pays.
L’ambassadrice a ajouté que l’année prochaine marquera le dixième anniversaire de la visite historique du roi Mohammed VI à Pékin, qui a jeté les bases du partenariat stratégique entre les deux nations. Elle a précisé que « la Chine considère le Maroc comme un partenaire clé dans la région du Sud global ».
De nouvelles perspectives grâce au plan quinquennal
Yu Jinsheng a indiqué que la mise en œuvre du quinzième plan quinquennal (2026–2030) ouvrira de nouvelles perspectives de coopération économique avec le Maroc. Selon elle, ce plan « s’aligne parfaitement sur les priorités du Royaume », qu’il s’agisse :
- de l’organisation de la Coupe du Monde 2030,
- de la stratégie Maroc Digital,
- ou encore des projets de transition énergétique et de développement vert.
Elle a rappelé que la Chine est le troisième partenaire commercial mondial du Maroc et son premier partenaire asiatique, tandis que le Royaume est devenu la deuxième destination mondiale des investissements chinois dans les technologies vertes.
Elle a ajouté que la suppression totale des droits de douane chinois sur les exportations africaines contribuera à stimuler les exportations marocaines et à accroître le rythme des investissements chinois au Maroc.
Une coopération humaine et sociale
Sur le plan social, l’ambassadrice a exprimé l’estime de son pays pour « les progrès significatifs réalisés par le Maroc en matière d’autonomisation des femmes », précisant que l’ambassade de Chine à Rabat a lancé cette année un projet de coopération avec l’Union nationale des femmes du Maroc, dans le cadre du soutien aux causes féminines et au développement social.
Yu Jinsheng a conclu en affirmant que « la Chine aspire à renforcer la solidarité entre les pays du Sud et à travailler avec le Maroc pour bâtir une communauté de destin pour l’humanité, fondée sur le développement inclusif, la paix et la prospérité ».




