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Pékin et Rabat : une alliance renforcée face aux enjeux de souveraineté

Pékin et Rabat : une alliance renforcée face aux enjeux de souveraineté

 

 

ALDAR/ Imane Alaoui

À l’approche de la discussion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la question du Sahara marocain, la Chine se positionne comme un acteur majeur envoyant des signaux de soutien indirects à Rabat, à travers le langage de l’investissement et d’un engagement politique croissant. Pékin ne se limite plus aux déclarations diplomatiques : elle choisit de traduire sa confiance envers le Maroc par de vastes projets économiques, faisant de la stabilité du Royaume une condition essentielle pour protéger ses intérêts stratégiques dans la région.

La visite du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à Pékin a marqué un tournant majeur, reflétant la profondeur du partenariat entre Rabat et Pékin et annonçant une nouvelle étape de coordination politique et diplomatique entre les deux pays.

Cette visite, qui s’est déroulée dans un contexte régional et international tendu, n’était pas une simple rencontre protocolaire, mais bien l’illustration d’une évolution qualitative des relations maroco-chinoises. Pékin y a réaffirmé sa confiance dans le Maroc en tant que partenaire stratégique, liant ses vastes intérêts économiques dans le Royaume à la stabilité politique et à l’unité territoriale du pays. Ainsi, la Chine a adressé à Rabat un message clair : elle se tient à ses côtés face aux défis diplomatiques dans les couloirs de l’ONU.

Les chiffres confirment cette orientation. Le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint près de 9 milliards de dollars en 2024, tandis que la Chine a investi plusieurs milliards dans de grands projets au Maroc. Parmi eux, le projet de “Gigafactory” pour batteries électriques, d’une valeur de 1,3 milliard de dollars, avec possibilité d’extension à 6,5 milliards, ainsi que des usines à Tanger pour la production de composants essentiels de la filière des batteries, dépassant les 700 millions de dollars. Les entreprises chinoises se sont également fortement implantées dans les secteurs des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert, avec des projets dépassant les 32 milliards de dollars, sans oublier des investissements croissants dans le textile et les infrastructures.

La visite de Bourita à Pékin a confirmé que les relations entre les deux parties ont dépassé le seul cadre économique pour devenir un véritable levier diplomatique au profit du Maroc. La Chine, membre permanent du Conseil de sécurité, ne peut sous-estimer l’importance d’un partenaire qui constitue pour elle une porte d’entrée stratégique vers l’Afrique et l’Europe, ainsi qu’un pôle de stabilité dans une région hautement sensible sur le plan géopolitique.

Selon des observateurs, les messages politiques entourant cette visite dépassent la conjoncture immédiate : ils traduisent une volonté chinoise de consolider le Maroc comme allié stratégique dans le cadre de l’initiative “la Ceinture et la Route”, tout en offrant à Rabat une carte maîtresse supplémentaire au Conseil de sécurité, aux côtés du soutien croissant de puissances telles que les États-Unis et la France.

Ainsi, la visite de Bourita à Pékin n’avait pas seulement pour but de renforcer les relations bilatérales, mais aussi de consacrer une nouvelle réalité : le Maroc aborde la bataille diplomatique du Sahara avec une couverture internationale élargie, englobant à la fois l’Orient et l’Occident, tandis que ses adversaires se retrouvent de plus en plus isolés et affaiblis dans les instances onusiennes.

La Chine mise sur le Maroc comme l’un de ses partenaires clés en Afrique dans le cadre de “la Ceinture et la Route”. Pour Pékin, la stabilité et l’intégrité territoriale du Royaume ne représentent pas uniquement une question politique, mais bien une garantie pour ses intérêts économiques de long terme.

Le message est clair : la Chine ne considère pas le Maroc comme un simple marché émergent, mais comme un allié stratégique capable d’assurer ses intérêts en Afrique et en Europe. Avec la montée en puissance du soutien international au plan d’autonomie marocain, la position chinoise – forte de son poids économique et politique – confère une dimension supplémentaire à l’équation du Sahara au sein de l’ONU.

De ce fait, le Maroc aborde les discussions du Conseil de sécurité soutenu non seulement par ses partenaires occidentaux traditionnels, mais également par la Chine, puissance mondiale montante, ce qui accentue l’isolement de ses adversaires et renforce son rôle de puissance régionale émergente reliant deux continents.

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