Le secteur de la logistique, qui a fait preuve de résilience durant la crise sanitaire, se trouve toutefois confronté à des défis qui freinent son développement, notamment le coût du foncier.
La stratégie nationale logistique prévoit en effet de doter le Maroc d’infrastructures logistiques performantes à travers la mise en place d’un réseau national de zones logistiques devant couvrir une superficie de près de 3.300 ha en 2030.
La rareté et la cherté des terrains, surtout en milieu urbain, se dressent ainsi en obstacles à la mise en œuvre de ces plateformes et au développement de l’immobilier logistique en général.
Les critères adoptés par les prestataires logistiques dans les décisions de localisation, notamment la proximité des sites de production, de distribution et de consommation, expliquent en partie l’augmentation continue des prix du foncier logistique notamment dans les grandes villes du Royaume.
El Mostafa Fakhir, expert international en transport et logistique, indique que « l’accessibilité à ce foncier demeure la problématique majeure de l’immobilier logistique au Maroc ».
Et de rappeler dans ce sens que la stratégie nationale logistique avait défini comme objectif le développement d’un réseau national intégré de zones logistiques multi-flux au niveau des différentes régions du pays.
“Aujourd’hui, toutes les régions du Royaume disposent de leurs propres schémas directeurs logistiques régionaux, ce qui constitue une avancée en soi”, a-t-il dit,
« Malheureusement, au niveau de la mise en œuvre, seul le contrat d’application de la région de Casablanca-Settat a été signé et exécuté avec une surface mobilisée de 28 ha à Zenata développée par la Société Nationale du Transport et de la logistique (SNTL) et 12 ha développé par l’ Office national des chemins de fer (ONCF) avec la plateforme MITA”, a-t-il ajouté.
M. Fakhir a dans le même sens mis l’accent sur le rôle du secteur privé qui a également participé à cet effort de mobilisation du foncier et de création de parcs logistiques principalement à Casablanca et Tanger. Il a en revanche déploré le déséquilibre qu’il y a entre l’offre et la demande, ainsi que la cherté du foncier.
De l’avis de cet expert, les plateformes logistiques réalisées à ce jour ont un impact très positif, car elles ont permis une massification des flux et le développement d’offres logistiques intégrées et professionnelles qui répondent aux standards des donneurs d’ordres internationaux. Il a cité, à cet égard, l’exemple de la plateforme logistique MedHub à Tanger Med qui a pu attirer grâce à une offre d’immobilier logistique de qualité des grands noms au niveau mondial comme Decathlon ou même la plateforme logistique de la SNTL à Zenata qui affiche aujourd’hui complet.
L’externalisation de la logistique pour booster le secteur
Évoquant l’externalisation du volet logistique par les entreprises, en tant que moyen de relance de ce secteur, l’expert a estimé que grâce aux importants efforts de mise à niveau des différents acteurs logistiques, notamment dans le cadre du programme « PME Logis » qui est un excellent exemple d’un partenariat public-privé innovant et réussi, le Royaume dispose d’un tissu de prestataires logistiques assez professionnel, dense et diversifié.
La crise du Covid-19, a-t-il soutenu, va certainement avoir un effet sur le développement de l’externalisation logistique au Maroc, puisque beaucoup d’entreprises et même des donneurs d’ordres publics, comme le ministère de la santé, ont compris que la logistique est une question de professionnels et qu’on avait plus à gagner à l’externaliser qu’essayer de la gérer en propre.
Aujourd’hui, parmi les principaux défis à relever pour lever les contraintes à l’externalisation logistique c’est de pouvoir mettre à disposition des prestataires logistiques une offre d’immobilier logistique compétitive et suffisante sur l’ensemble du territoire nationale, a-t-il dit.
Force est de constater que la crise liée à la pandémie a démontré que le Maroc a développé une certaine autonomie sur le plan logistique qui a continué à fonctionner à pleine charge malgré toute contrainte. Des performances qu’il s’agit de soutenir afin de développer davantage ce secteur stratégique par le biais de solutions innovantes qui consistent notamment en une gestion optimale de l’assiette foncière disponible et une simplification des procédures liées à la propriété foncière.