A LA UNESPORT

Walid Regragui… Entre emportement populaire et exigences de construction nationale

Par Aldar / Analyse

Le débat autour de Walid Regragui a désormais dépassé le simple cadre sportif pour devenir le reflet d’un ensemble de contradictions profondes : où les émotions s’entremêlent à la raison, et où le désir de changement s’oppose à la méconnaissance du coût de la destruction.

À la suite de deux matchs amicaux en deçà des attentes du public, les appels au départ du sélectionneur national se sont multipliés, faisant abstraction du parcours accompli jusqu’ici et de l’ambition stratégique portée par le projet qu’il incarne.

Cette précipitation trahit une mentalité qui évalue encore l’entraîneur à l’aune de résultats immédiats, en traitant l’équipe nationale comme un laboratoire d’expérimentation éphémère, plutôt que comme une institution bâtie sur une vision à long terme.

Regragui, qui a écrit une page historique en menant le Maroc jusqu’en demi-finale de la Coupe du monde, n’est pas un simple entraîneur venu pour engranger des victoires ponctuelles. Il a porté un projet articulé autour de la stimulation de l’esprit national, de la consolidation d’une identité footballistique claire, et d’une volonté de rivaliser à armes égales avec les plus grandes nations.

Cependant, certains de ses choix récents, ses réactions parfois impulsives sous pression, et sa gestion approximative de détails techniques ont affaibli son image auprès d’un public avide de performances convaincantes et de victoires régulières – y compris lors de matchs sans véritable enjeu compétitif.

Proposer son éviction à ce moment précis serait une décision hasardeuse, particulièrement à quelques mois de la Coupe d’Afrique des Nations organisée sur le sol marocain – une compétition chargée d’attentes populaires et d’un rêve collectif largement partagé.

Remplacer l’entraîneur en pleine phase de préparation finale risquerait de perturber l’équilibre du groupe, de fragiliser la cohésion de l’équipe, et de nous ramener à un cycle d’instabilité, alors que le moment exige stabilité et confiance.

La critique est nécessaire, elle est même un devoir. Mais lorsqu’elle devient un instrument de démolition, elle perd sa valeur constructive. Walid Regragui n’est pas au-dessus de toute critique, mais il ne mérite pas non plus cette avalanche d’attaques gratuites qui oublient les réussites et amplifient les échecs.

La réforme ne se bâtit pas dans le déni, mais dans une évaluation pondérée, soucieuse de préserver ce qui a porté ses fruits. Le public a bien sûr le droit d’être en colère, mais il a aussi le devoir de distinguer entre un faux pas passager et un projet de nation. Car ce que construit un enfant du pays, lorsqu’il bénéficie de temps et de confiance, peut s’avérer plus solide que les noms prestigieux venus d’ailleurs, souvent partis sans laisser de traces.

Ce qu’il faut aujourd’hui, ce n’est pas changer de sélectionneur, mais repenser les priorités au sein du staff technique, travailler sérieusement sur les points de fragilité, corriger la communication avec les médias et le public, et approfondir la maturité tactique dans les échéances officielles.

Le rêve collectif ne se résume pas à un nom, mais nécessite une direction capable de faire preuve d’humilité, de détermination, et de se réinventer de l’intérieur.

À Walid Regragui de prouver que ce qui a été accompli n’est pas un hasard isolé, mais bien une étape d’un chemin méritant la confiance.

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