Le Maroc veille à promouvoir une approche collaborative et visionnaire en matière de cybersécurité et de souveraineté technologique, ont souligné, lundi à Rabat, des panélistes lors du Forum Africain de la Cybersécurité (3-5 février).
Lors de son intervention sous le thème “La transformation numérique de l’Afrique : adopter la cybersécurité et la souveraineté technologique”, le Général de Brigade El Mostafa Rabii, Directeur du Centre de Veille, de Détection et de Réponse aux Cyberattaques relevant de la Direction Générale de la Sécurité des Systèmes d’Information (DGSSI), a mis en avant le rôle crucial d’une cybersécurité “robuste et souveraine” pour permettre une transformation numérique résiliente à travers l’Afrique.
“Le Maroc a fait de la cybersécurité une priorité nationale sous le leadership de SM le Roi Mohammed VI, et ce, à travers la mise en place de structures de gouvernance et de stratégies nationales ambitieuses, dans le but de renforcer la résilience des infrastructures critiques et développer les capacités du centre national de gestion des cyber-incidents (Moroccan Computer Emergency Response Team- maCERT)”, a-t-il indiqué.
Passant en revue les différents défis du cyberespace, il a mis l’accent sur des facteurs internes notamment l’émergence des tensions géopolitiques et des attaques sophistiquées, faisant référence à des technologies innovantes à même de protéger les infrastructures critiques et renforcer la résilience de l’écosystème numérique du continent.
Mettant l’accent sur l’adoption d’une approche proactive pour se prémunir des menaces cybernétiques transfrontalières, il a souligné l’importance d’une collaboration internationale renforcée, ainsi que du partage des informations et de la mutualisation d’expertises en la matière.
“Des initiatives telles que Smart Africa et le Réseau africain des autorités de cybersécurité (ANCA) sont de nature à harmoniser les politiques numériques entre les nations africaines et favoriser le renforcement des capacités grâce à une approche collaborative et visionnaire”, a fait savoir M. Rabii également vice-président de l’ANCA.
Par ailleurs, des panélistes ont mis en avant des approches pratiques pour améliorer la résilience numérique de l’Afrique en exploitant le potentiel de l’intelligence artificielle (IA), du Trusted Cloud et des solutions cloud fédérées.
S’appuyant sur des expériences internationales et africaines, ces experts ont examiné les stratégies opérationnelles, le développement d’écosystèmes durables et les collaborations public-privé essentielles pour construire un avenir numérique sûr et souverain.
De même, ils ont présenté des exemples concrets à même de traduire les discussions stratégiques en mesures concrètes adaptées aux contextes uniques de l’Afrique.
Dans une déclaration à la presse, le Directeur général de l’autorité de cybersécurité du Ghana, Albert Antwi-Boasiako, a salué le leadership du Maroc en matière de cybersécurité dans le continent africain.
“Il n’est pas surprenant que le Maroc soit dans les premières catégories des pays africains à promouvoir le programme de cybersécurité”, a-t-il dit, ajoutant que “le Ghana, le Maroc et de nombreux pays africains reconnaissent l’importance de la cybersécurité pour soutenir le développement numérique, mais aussi la stabilité globale des économies numériques”.
Pour le responsable ghanéen, l’avènement de l’IA favorise le domaine de la transformation numérique, notant qu’il existe d’énormes opportunités pour tirer parti de l’IA en vue de développer les pays africains dans le cadre de la coopération Sud-Sud.
“Le Maroc joue un rôle de premier plan au cours des dernières années, car il a su mobiliser un certain nombre de pays africains, d’autant plus qu’il sert également de pont entre l’Afrique et le monde entier”, a-t-il relevé.
Sur un autre registre, l’accent a été mis sur le renforcement des capacités et le partage d’expertises en matière de cybersécurité.
À cet égard, les experts ont plaidé pour la création d’une entité panafricaine opérationnellement affiliée au réseau des autorités nationales de cybersécurité africaines (ANCA), inspirée du modèle du Centre Régional Arabe de Cybersécurité de l’Union internationale des télécommunications (ITU-ARCC).
Selon eux, cette structure jouerait un rôle stratégique en permettant le partage de renseignements sur les menaces en temps réel, la coordination des réponses aux incidents et le renforcement de la résilience face aux cyber-menaces transfrontalières. Il s’agit également d’explorer les moyens de renforcer la coopération entre l’ANCA et les centres nationaux de cybersécurité des États membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).
Cette collaboration mutuellement bénéfique facilitera l’échange d’expériences et de meilleures pratiques tout en soutenant la mise en œuvre de programmes de formation et d’exercices régionaux pour renforcer les capacités de cybersécurité des deux parties.
Organisé en exécution des Hautes Instructions Royales par la Direction Générale de la Sécurité des systèmes d’information (DGSSI), relevant de l’Administration de la Défense Nationale, cet événement qui se poursuit jusqu’au 5 février est marqué par la participation d’experts, marocains et étrangers, de hauts responsables gouvernementaux, des dirigeants d’entreprises, des professionnels de la cybersécurité, des chercheurs et des académiciens.