En cette période de pandémie, où plusieurs entreprises, en particulier les très petites, risquent de disparaître, l’Office chérifien du phosphate (OCP) a mis en place un dispositif financier innovant à même de donner un coup de pouce aux Très petites et moyennes entreprises (TPME) pour surmonter les séquelles macroéconomique de la crise sanitaire et ses effets sociaux.
Visant à compléter les solutions déjà existantes, ce véhicule collectif de titrisation baptisé « Fonds Damane Tamayouz » se concentre en premier lieu sur les TMPE, qui demeurent les plus fragiles aux aléas de la conjoncture économique incertaine, tout en innovant en termes d’appréciation du risque, facteur inéluctable de l’inefficience systémique du financement des petites entités.
« Abstraction faite de la démarche pionnière dans son originalité au Maroc, cette opération de titrisation est particulière puisqu’elle retro-booste l’accès au financement par les TPME évoluant dans l’écosystème OCP », a relevé, dans une entrevue accordée à la MAP, Mohammed Belkasseh, professeur de finance à l’Ecole Nationale de Commerce et de Gestion (ENCG) de Settat.
Ainsi, l’Office chérifien donne l’exemple de l’opérateur marocain résilient face à la crise dont le poids et la confiance même qu’il inspire se transforment en levier financier à la fois pour le groupe et pour ses créanciers dont la solvabilité demeure attestée, a-t-il dit.
Selon lui, il s’agit d’une expérience pilote tout à fait duplicable par d’autres opérateurs majeurs en concertation avec les établissements de crédit soit en stimulant et facilitant le recours au financement par le tissu économique marocain constitué en grande majorité par des TPME, et ce, sur la base de risques plus ou moins maîtrisés, soit en procédant à des opérations de titrisation classique où les créanciers bénéficient d’une liquidité immédiate débloquant leur autofinancement ».
Ainsi, ce Fonds recèle un potentiel énorme en tant que solution immédiate en mesure d’assister la croissance économique post-crise tant espérée, a fait observer M. Belkasseh.
Une relance économique réclame systématiquement du financement, a-t-il fait observer, notant que les établissements de financement de la place, par le biais notamment du mécanisme de la titrisation, pourraient alors transférer ou atténuer le risque encouru des crédits actuels mais encore mieux ajuster leurs bilans en vue de répondre aux contraintes réglementaires prudentielles.
Le professeur a, dans ce sens, relevé que le risque post titrisation des actifs concernés étant automatiquement atténué d’une manière significative voire ramenée à 0%, ce qui permettrait aux opérateurs financiers de reprendre leur rôle central de catalyseur de la croissance.
De plus, ce Fonds, ayant pour objectif de couvrir le risque de financement des TPME fournisseurs de l’OCP, marque une première au Royaume en mesure de poser les prémices d’un marché bien structuré à l’efficacité et au potentiel de performance prometteurs dont l’économie marocaine a complétement besoin en vue de soutenir son processus de création de la valeur, a-t-il soutenu.
Par la même, cela ouvre de nouvelles perspectives pour l’industrie de la gestion d’actifs en vue d’accompagner les opérateurs dans des montages similaires d’atténuation des risques crédits, a souligné M. Belkasseh, également consultant financier chez Arithmetica Advisory.
« Ceci dit, le cas des risques conséquents (en référence aux tranches mezzanines des portefeuilles concernés entre autres), représenterait à son tour un créneau de développement intéressant en termes de rémunération pour les acteurs de l’assurance », a-t-il poursuivi.
Selon OCP, « Fonds Damane Tamayouz » commencera par couvrir trois secteurs qui font partie de l’écosystème du groupe OCP, à savoir génie civil, construction métallique & maintenance mécanique, et la filière électrique.
Entièrement souscrit par OCP, ce fonds, d’une taille de 125 millions de dirhams (MDH) et qui pourrait garantir jusqu’à 950 MDH de crédits, permettra aux fournisseurs éligibles du groupe un meilleur accès au financement de leur cycle d’exploitation.
Grâce à ce dispositif, ces fournisseurs pourront bénéficier du financement de leurs besoins de trésorerie générés par la réalisation des marchés dès la signature des commandes et ce, jusqu’à 70% de la valeur du marché. Ces TPME pourraient également profiter de conditions avantageuses sans présenter de garanties additionnelles.