Par : Ricardo Sánchez Serra*
Au milieu des crises mondiales découlant des guerres à Gaza et en Ukraine, une question moins médiatisée mais tout aussi cruciale émerge dans l’actualité arabe : la réélection du président algérien Abdelmadjid Tebboune cette semaine avec un taux impressionnant de 94,65 % des voix.
Cependant, en réalité, l’Algérie est dominée par les militaires qui dirigent le pays en coulisses, se servant de façades politiques qui ne sont que des marionnettes entre leurs mains. Ces élections, largement critiquées par l’opposition et les organisations de droits de l’homme, n’ont reflété qu’une partie de la vérité. Moins de la moitié des électeurs inscrits ont voté, et malgré cela, les chiffres annoncés ne correspondent pas à ce qui s’est réellement passé sur le terrain, suscitant des doutes quant à l’intégrité du processus électoral.
Les chiffres officiels indiquent que 94,65 % des voix ont été accordées à Tebboune, soit environ cinq millions de voix sur 24 millions inscrits, tandis que les voix blanches surpassent ce chiffre. Cela signifie que les votes blancs pourraient être plus nombreux que les voix attribuées à Tebboune, soulevant des questions sur la crédibilité de ces élections. Dans de nombreuses régions, le taux de participation n’a pas dépassé 1 % ou 3 % des inscrits, comme le souligne une analyse du journal « Atalayar ».
Tebboune, qui continue à renforcer son pouvoir, a écrasé les mouvements de protestation tels que le « Hirak », qui prônaient le respect des libertés et des élections transparentes. Ces mouvements ont contribué à la chute de son prédécesseur, Abdelaziz Bouteflika, également président dictatorial. Les organisations internationales telles qu’Amnesty International ont appelé à enquêter sur les violations des droits de l’homme et les restrictions imposées aux libertés, y compris la dissolution des partis et des groupes politiques, ainsi que les détentions arbitraires pour des accusations de terrorisme.
Sur le plan international, l’Algérie est plus isolée que jamais. Elle a rompu ses relations avec le Maroc influent et se trouve en conflit avec la France et d’autres pays, tout en ayant des relations tendues avec plusieurs nations africaines et arabes.
La priorité absolue dans la politique étrangère algérienne est de défendre le Front Polisario et d’utiliser les Sahraouis dans les camps de Tindouf – le plus grand prison à ciel ouvert au monde – comme outils dans le conflit potentiel avec le Maroc, dans une tentative d’atteindre l’océan Atlantique.
En fin de compte, il ne s’agit pas de 94 % ou même de 100 % des voix, mais de ce que ces chiffres révèlent d’une réalité corrompue. Les élections, qui semblent être une simple illusion politique, ne changeront rien à la situation en Algérie, où les militaires gouvernent derrière un écran politique trompeur.
*Journaliste, lauréat du Prix « Vision Authentique » mondial en 2023