Depuis l’avènement de Ramadan, les cafetiers et restaurateurs, contraints de fermer leurs portes suite à la mise en place du couvre-feu nocturne au Maroc, semblent sombrer davantage dans le cercle vicieux d’une crise asphyxiante. Serait-ce un mois à oublier pour ce secteur qui est l’un des plus foudroyés par la crise du covid-19 ?
L’effet aussi bien matériel que moral de cette situation commence à se faire sentir dès les premiers jours de Ramadan. Des terrasses et espaces désertés, des chaises rangées l’une sur l’autre et des machines en arrêt, telle est l’image des différents cafés, restaurants et snacks dans les boulevards et rues de la métropole économique du Royaume.
D’ailleurs et comme l’affirment des patrons et professionnels de ce secteur, cet arrêt de l’activité sur l’ensemble du mois pèserait lourdement sur le chiffre d’affaires annuel au titre de 2021, ainsi que sur la santé financière des entreprises du secteur qui voient leurs endettements et engagements s’accumuler.
D’après Mohamed Abdelfadel, Secrétaire général national de la Fédération marocaine des cafés et de la restauration rapide et Coordinateur de la Commission mixte des métiers de bouche (CMMB), cette décision d’interdiction des déplacements nocturnes à l’échelle nationale vient compliquer les choses pour les patrons, professionnels et employés des cafés et restaurants.
Une fermeture qui pourrait causer une baisse entre 10 et 15% du chiffre d’affaires annuel au titre de 2021, a-t-il alerté dans une déclaration à la MAP, mettant en avant les multiples charges que les opérateurs de ce secteur vont supporter durant ce mois, malgré cet arrêt. Il s’agit entre autres des loyers, des dettes, des engagements bancaires, de la masse salariale et des cotisations dues à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).
« Face à cette situation, nous ne pouvons que lancer un nouvel appel au gouvernement pour revoir cette décision de fermeture et prendre en considération que dans le secteur de la restauration, il existe des services qui peuvent être assurés dans le strict respect des mesures de protection contre le covid-19, à l’image notamment de la livraison à domicile », a dit M. Abdelfadel.
Aussi, a-t-il soutenu, il y a plusieurs mesures qui peuvent atténuer l’impact de cette décision. Il est question notamment du report des crédits et engagements bancaires pour les mois d’avril, mai et juin pour les patrons et propriétaires des cafés et restaurants et de l’exonération formelle de la taxe d’occupation du domaine public durant cette période du couvre-feu.
« Nous appelons également à la déduction de la taxe professionnelle et de services communaux de la période de fermeture de l’exercice 2021 », a ajouté M. Abdelfadel, déplorant le fait que durant 2020, cette taxe a été appliquée sur l’ensemble de l’année, alors que l’activité a connu un arrêt de plus de 110 jours.
Il a aussi souligné l’importance d’instaurer un mécanisme de financement qui garantit aux entreprises et professionnels de préserver leurs investissements et de pouvoir reprendre leur activité après le mois de Ramadan.
Pour les employés, M. Abdelfadel a préconisé la mise en place d’un mécanisme d’indemnisation sur la perte d’emploi pour le mois de Ramadan, ainsi que le report du remboursement des échéances des crédits bancaires immobiliers, en particulier pour le logement social, et de consommation pour une durée de trois mois.
Et de conclure: « Compte tenu de la situation actuelle, nous tirons encore la sonnette d’alarme sur le fait qu’il y aura, après cette période du mois sacré, de nouvelles fermetures au niveau de notre secteur, lesquelles pourraient être accompagnées par des pertes importantes de l’emploi ».
Le Comité de veille économique (CVE), rappelons-le, avait annoncé le prolongement au 30 juin prochain, des mesures de soutien afférant aux huit contrats-programmes signés en janvier en faveur de certaines branches d’activités vulnérables (tourisme, restauration, activités des traiteurs et prestataires événementiels, parcs d’attraction et jeux, crèches, salles de sport privées, presse et industries culturelles et créatives).
Venues pour faire face à la persistance des effets négatifs occasionnés par la crise sanitaire, ces mesures, qui concernent environ 102.000 salariés et financées par le Fonds spécial pour la gestion du covid-19, portent sur les indemnités, les allocations familiales ainsi que l’Assurance maladie obligatoire (AMO) au profit des salariés relevant de ces secteurs.