Les soldes d’hiver, lancés au Maroc il y a plus d’un mois et demi, se retrouvent face à une faible clientèle, les séquelles économiques et sanitaires de la crise asphyxiante du nouveau coronavirus (covid-19) continuant à peser lourdement sur les consommateurs.
Manque d’attractivité des promotions, pouvoir d’achat limité, moral à zéro, fermeture des frontières et prolongations du couvre-feu et des mesures de précaution contre le Covid-19 sont, entre autres, les explications avancées aussi bien par les commerçants que par les clients.
Pourtant les préparatifs de cette saison hivernale, qui risque d’être maussade, laissaient présager l’amorce d’une reprise de l’activité à même de marquer une rupture avec l’année écoulée, qui a été celle de pertes sans précédent. D’ailleurs, c’est dans cette optique que la Fédération marocaine du commerce en réseau (FMCR) avait décalé la date de démarrage de ces soldes au 21 janvier dernier, en vue d’accorder aux commerçants un délai supplémentaire pour écouler les stocks disponibles.
Approché par la MAP, Mohamed, gérant d’un magasin de prêt-à-porter, spécialisé dans les vêtements des enfants et situé au quartier marchand de Derb Omar, affirme que cette année l’affluence reste faible, particulièrement en milieu de semaine.
« Durant la première semaine des soldes, qui coïncidait avec les vacances scolaires, tout s’est bien passé. Mais actuellement, en l’absence de touristes, nationaux et étrangers, les visiteurs du magasin se font rares », raconte-t-il.
S’accrochant à l’espoir d’un proche dénouement de cette situation, notamment avec le bon déroulement de la campagne de vaccination anti-covid, Mohamed songe, d’ores et déjà, aux prochaines saisons. « A l’approche du mois sacré de Ramadan, nous nous préparons pour lancer de nouvelles collections et à s’orienter vers la vente en ligne et la livraison à domicile », fait-il savoir.
De son côté, Samir, vendeur dans un magasin de vêtements et de chaussures à Casablanca, estime que le repli du pouvoir d’achat et la révision des priorités en termes de consommation sont derrière ce manque d’engouement pour les soldes.
« Une grande partie des clients souffrent toujours des effets de la crise et essayent d’anticiper les futures dépenses, notamment avec le Ramadan et les vacances d’été », poursuit-il, relevant qu’il s’agit aussi de la crainte d’être contaminé par le coronavirus.
Et pour rassurer leur clientèle et leur permettre de faire leur shopping en toute sécurité, les magasins n’ont ménagé aucun effort, veillant au strict respect des mesures de protection (obligation du port de masque en permanence, distribution du gel hydroalcoolique à l’entrée, fermeture des cabines d’essayage, appel à garder la distance sociale particulièrement lors du passage aux caisses, etc).
Il y en a même qui ont aussi adapté leur système pour mieux servir et satisfaire leurs clients. Et là, l’exemple le plus phare est celui de la mise en place du paiement sans contact et ce, malgré le fait que ce type de paiement reste plafonné, pour le moment, à 600 dirhams.
Des remises parfois peu séduisantes
Force est de constater qu’une des raisons qui ne poussent pas les consommateurs à se bousculer pour les soldes réside dans le fait que les réductions sont moins fortes que souhaité.
D’ailleurs, c’est ce qu’explique Hayat, cliente habituée à un magasin de vêtements et d’accessoires de mode. « Bien que nous sommes en période de soldes, les prix restent relativement élevés », dit-elle.
Et de poursuivre: « Personnellement, j’ai constaté que les articles intéressants ne font l’objet que de remises minimes qui oscillent entre 20% et 30%, alors que pour des collections anciennes, ces remises vont jusqu’à 70% et 80% ».
Au Maroc, rappelons-le, la Loi n°31-08 édictant des mesures de protection du consommateur stipule que les ventes en solde sont celles accompagnées ou précédées de publicité et annoncées comme tendant, par une réduction de prix, à l’écoulement accéléré de produits et biens en stock.
L’article 54 de cette même loi précise que la vente en solde ne peut être pratiquée que si elle est accompagnée d’un affichage clair et lisible du terme « soldes ».
Le fournisseur est tenu d’indiquer dans les lieux de vente, les produits ou biens sur lesquels porte la réduction de prix, le nouveau prix appliqué et l’ancien prix qui doit être barré, ainsi que la durée des soldes avec la détermination de leur début et de leur fin, d’après cet article.
La loi n°31-08 stipule aussi que l’ancien prix barré ne peut excéder le prix le plus bas effectivement pratiqué par le fournisseur pour un bien ou produit similaire dans le même établissement au cours des 30 derniers jours précédant le début des soldes. Le fournisseur peut en outre indiquer les taux de remise applicables aux produits et biens objets des soldes.